l’amour dure trois ans, de Frédéric Beigbeder
23 janvier 2012 Laisser un commentaire
En voyant le public dans la salle du cinéma, l’évidence s’est imposée à moi comme la redevance à ma télévision : je n’allais pas voir un film de zombies. Le nombre de couples et de jeunes filles groupées et pépiant, lycéennes ou jeunes étudiantes, laisse entendre que beaucoup y sont allé(es) après avoir lu le livre homonyme. Pas moi, mais je ne suis pas sûr qu’il fallait.
490 cents…
…pour un film qui fait beaucoup penser à 99 francs, d’après un bouquin du même auteur. L’humour est le même, noir mais consensuel, aux ressorts faciles mais aux termes recherchés. Le thème aussi est assez semblable, superficielle dérision de la superficialité des choses modernes. C’est enfin inspiré de la vie de la même personne (de ce qu’on m’en a dit) qui est le réalisateur de ce film. Beaucoup de point communs donc, les principales différences étant l’intrigue, le réalisateur et les acteurs.
Il s’agit ici d’une comédie romantique, qui suit à la lettre les différentes étapes des classiques américaines, avec un séquencement je t’aime pas, je t’aime, je t’aime plus tout ce qu’il y a de plus classique, sans parler de la fin qui embrasse le cliché jusqu’à la glotte. C’est peut-être un peu moins niais que les films de Katherine Heigl mais pas beaucoup moins prévisible. Oui c’est vrai, cette fois c’est l’homme à gros pif qui cherche l’amour de sa vie et non la femme au joli minois, mais on ne peut pas dire que cette différence change la face du monde.
J’ai beaucoup ri ceci dit, à l’unisson avec la salle, le ton reste très léger tout du long, toujours comique, un peu sarcastique. L’intérêt n’est clairement pas l’histoire d’amour, ce sont les bons mots (de Frédéric Beigbeder), les scènes cocasses (de Frédéric Beigbeder) et l’acharnement sur Marc Levy (continuel). On y sourie toujours de bon cœur, on y ri souvent. Les blagues courtes sont les meilleurs et jamais le film ne s’appesantit sur une scène sans inclure un détail comique. De ce point de vue c’est un boulot très correct.
le film dure une heure et demi
Et c’est pas plus mal car s’il est drôle il manque dramatiquement de croquant, de texture.
Les deux acteurs principaux sont certes sympathiques mais ressemblent plus à des marionnettes. Dans 99 francs Jean Dujardin incarnait un personnage, ici Gaspard Proust récite le texte de Beigbeder comme celui-ci pourrait le faire sur un plateau de télévision, avec une ressemblance physique assez frappante. Pourquoi en plus d’écrire et de réaliser le film celui-ci n’y a-t-il pas joué son rôle ? Quant à Louise Bourgoin, elle est très mignonne mais semble aussi un peu forcée, pas très inspirée.
Le décalage apparaît surtout quand Valérie Lermercier arrive sur scène, dans un intérieur de bureau très quotidien, et allie à un texte décalé un talent réel, déclenchant le premier grand rire du film. Même Joey Starr incarne mieux son personnage secondaire (dont j’ai beaucoup apprécié les péripéties finales, pour le coup inattendues) que les deux acteurs principaux.
Sans surprise la mise en scène ne brille pas non plus. Pas particulièrement imaginative elle aligne scène après scène comme une succession de sketchs. Rien de rédhibitoire toutefois, le but du film est d’amuser (en tout cas j’espère, sinon c’est raté, à part s’il s’agit de faire de la pub à Beigbeder) et il y réussit sans sortir les gros moyens. C’est léger, amusant, par moment vraiment drôle, ça se regarde bien sans trop en attendre, sans profondeur mais sans ennui.